FRIBOURG NETWORK FREIBURG
PHILIPPE CUDRÉ-MAUROUX
PROFESSEUR EN INFORMATIQUE
À L’UNIVERSITÉ DE FRIBOURG
En 2016, le Conseil européen de la recherche vous a octroyé une subvention de deux millions d’euros pour vos travaux sur le big data. En quoi consistent-ils ?
L’exploitation des mégadonnées (néologisme désignant le big data, ndlr), dont le volume a littéralement explosé depuis quelques années, est en train de bouleverser nos vies. Avec mon équipe d’une douzaine de chercheurs, je me concentre sur un problème fondamental qui concerne toutes les grandes compagnies : comment intégrer des données textuelles aux infrastructures big data. Pour l’heure, les logiciels informatiques classiques se concentrent sur les données dites structurées, qu’il est possible de représenter sous forme de tableaux. Ils sont incapables de comprendre le langage naturel, qu’il s’agisse de documents scientifiques, de pages web ou même de tweets. Le but de mon projet de recherche est donc de parvenir à extraire ces données textuelles au moyen d’algorithmes, afin de les stocker sous une forme compatible avec le big data.
Quelles sont les applications concrètes d’un tel projet ?
Elles sont innombrables. Par exemple, nous travaillons sur une plateforme qui compilerait les publications scientifiques du monde entier, afin d'en extraire la substantifique moelle. De quoi aider les chercheurs à naviguer dans les océans de documents qui paraissent chaque année.
Doit-on s’inquiéter de l’omniprésence des mégadonnées ?
Le big data influence nos vies de manière directe, continuelle et croissante. Tôt ou tard, il faudra ouvrir la réflexion et le dialogue sur les limites sociales et éthiques que nous voulons donner à ces algorithmes.